Succès moins important que prévu mais succès tout de même pour Netanyaou

Publié le par Erwann

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Cela ressemble à une victoire à la Pyrrhus. Benyamin Netanyaou a réussi son pari, enchaîner un troisième mandat à la tête de l'état hébreux. Une performance qu'aucun autre premier ministre n'avait réussi avant lui dans un pays où l'instabilité gouvernementale est une composante de la vie politique. Mais cela s'est fait au prix d'une perte de plus d'une dizaine de siège pour sa liste, alliance du Likoud (le parti de droite) et de Israël Beiteinou (considéré comme l'extrême droite), la liste du ministre des affaires étrangères sortant, Avigdor Liebermann.

C'est surtout le score cumulé des partis de gauche et centre-gauche qui peuvent surprendre. Provoquant un équilibre total entre les blocs de gauche et de droite, à 60 sièges chacun. De ce point de vue il s'agit clairement d'une défaite pour Netanyaou, qui a été sans arrêt crédité d'une confortable avance tout au long de la campagne, au point que donner le sentiment à ce dernier que le match était déjà joué, qu'il n'avait pas besoin de développer de programme. Un discours limité à «un premier ministre fort» n'a semble-t-il pas convaincu.

En étant la première force politique du pays, il est évident qu'il revient à Benyamin Netanyaou de former la nouvelle coalition gouvernementale. Mais quelles options a-t-il ? Elles sont assez réduites à dire vrai. Elle ne pourra vraisemblablement pas se faire avec les partis ultra-orthodoxes, le risque de blocage de l'appareil législatif est trop fort. Il ne lui reste donc que la possibilité de se tourner vers le centre-gauche, en proposant une alliance aux Travaillistes (membres de la coalition sortant) et au jeune parti Yesh Atid, la surprise de ces élections.

Comme cela a été répété, c'est sur la question économique et sociale que s'est jouée l'élection. Même si l'économie israélienne est en croissance malgré le contexte de crise mondiale et que le taux de chômage est relativement faible (autour des 6%), la politique ultra-libérale menée par le gouvernement Netanyaou a eu tendance à renforcer les inégalités et creuser le déficit public, à l'image de ce qu'à pu connaître les Etats-Unis sous le double mandat de George W. Bush, toutes proportions gardées bien sûr.

Ce sont sur ces aspects que les négociations risquent de porter, Les questions du coût de la vie et de l'amélioration de la vie quotidienne des citoyens étaient d'ailleurs parmi les thèmes principaux du programme de Yesh Atid, deux points sur lesquels ce parti risque de se retrouver avec les Travaillistes, et sur lesquels Netanyaou devra faire des concessions s'il souhaite rester à la tête de l'état.

Il est possible de voir une coalition large se mettre en place, composée du Likoud, Yesh Atid, les Travaillistes et le Shass (parti ultra-orthodoxe), tous à l'exception de Yesh Atid étant par ailleurs déjà membres de la coalition gouvernementale sortante. Une possibilité renforcée par l'importance de l'aspect social dans le programme du Shass. Cette coalition, qui donnerait à Benyamin Netayanou une large majorité, obligerait ce dernier à revoir légèrement ses positions politiques sur les question économiques, mais il pourrait en être aussi le principal bénéficiaire. S'il réussi à répondre aux attentes de la majorité de la population sur ces points, il pourrait se retrouver en position de force à l'avenir, avec la possibilité de renforcer encore plus sa stature d'homme d'Etat.

Ce sont d'ailleurs très certainement les partis de centre et centre-gauche qui auraient le plus à perdre d'une alliance avec le premier ministre sortant. Depuis plusieurs années à présent, à mesure qu'ils ont glissé vers le centre de l'échiquier politique, les Travaillistes ont clairement perdu de leur influence sur la vie politique israélienne. Pour Yesh Atid, difficile de savoir si son score est le début d'une future montée en puissance ou simplement le résultat de l'attrait d'une nouvelle offre politique. S'ils pourront sans doute se targuer d'avoir provoqué un fléchissement vers le centre de la politique socio-économique du futur gouvernement, ils n'en seront malgré tout pas les principaux instigateurs, il leur sera dès lors très difficile, lors des prochaines élections, de démontrer qu'ils peuvent offrir une vraie alternative au Likoud.

Reste la question centrale du «processus de paix», qui n'existe plus que dans la bouche d'un certain nombre d'observateur internationaux. Il y aura peu d'évolutions à attendre de ces élections et du prochain gouvernement, c'est à peu près certain. Car il n'y a strictement aucune raison que Netanyaou modifie son approche de la question. Que ce soit sur la reprise des négociations ou sur l'arrêt de la colonisation en Cisjordanie, aucune amélioration est à attendre. Quelle que soit la coalition qui formera le prochain gouvernement.

Le sujet n'a d'ailleurs pas été énormément traité durant la campagne électorale, reléguée loin derrière les questions économiques et sociales. Dans les partis susceptibles de participer à un nouveau gouvernement, aucun ne prend une position foncièrement différente sur ce thème.

Si le Shass se prononce d'une manière générale plutôt contre la colonisation dans les Territoires Occupés, la poursuite et son amplification des dernières années ne l'a malgré tout pas empêché de continuer à siéger au gouvernement. Dans le cas des Travaillistes, ces derniers n'ont jamais réellement freiné la colonisation et s'ils ont fait plus d'efforts dans le simple fait de discuter avec les Palestiniens que le Likoud, les résultats ne sont guère parlants. Enfin, Yesh Atid se prononce à la fois pour une résolution du conflit par l'existence de deux Etats tout en prônant le maintien des colonies déjà existantes, l'un étant de fait difficilement compatibles avec l'autre.

En fait, sur ce dernier point, l'impulsion ne pourra venir de l'extérieur. C'est en particulier des Etats-Unis, avec un Barack Obama débarrassé des précautions que nécessitent une réélection que pourrait venir la pression. Bien que Benyamin Netanyaou n'ait pas hésité à tenir tête à différentes reprises au président États-unien ces dernières années, l'importance de l'aide économique américaine et plus largement du soutien indéfectible du grand frère d'outre Atlantique donne à Obama les arguments nécessaires pour pousser Israël à une reprise des négociations avec l'Autorité Palestinienne. Mais en l'état actuel des choses cela reste plus qu'hypothétique.

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