Cahuzac, l'affaire de trop?
Jérôme Cahuzac a donc menti. Il possédait un compte en Suisse, transféré d'une banque à l'autre avant d’atterrir dans une succursale à Singapour. Si l'on en croit les informations pour l'instant diffusées, le montant, certes élevé, n'atteint pour autant pas des sommes mirobolantes puisque l'on parle de 5 ou 600.000€ pour ce médecin devenu spécialiste de l'implant capillaire et dont la clinique parisienne profitait largement de son carnet d'adresses.
Ce n'est pas nécessairement ce fait qui est le plus choquant, loin de là. En la matière, on a été habitué à bien pire. L'évasion fiscale est certes un délit mais, chez certains, c'est avant tout un sport qui fait du mal aux finances de l'Etat. Et c'est surtout à ce niveau que le problème se pose: quand un ministre du budget, en charge donc de la politique fiscale et de la lutte contre l'évasion, est lui-même un évadé fiscal, il y a de bonnes raisons de s'interroger.
La question de son mensonge devant l'Assemblée Nationale devient dès lors secondaire. Il n'est ni le premier ni le dernier à s'être permis ce genre de petite fantaisie. L'un de ses prédécesseurs au Budget, Eric Woerth, en a très certainement fait autant, bien que pour l'instant il n'ait toujours rien avoué, lui.
Reste à voir comment la crise sera gérée dans les prochains jours car c'est de ça dont il va s'agir à présent. Le gouvernement peut s'en sortir par le haut ou pas.
L'UMP, bien que dans son rôle d'opposition, a beau jeu de s'offusquer de la sorte. Elle-même confrontée à l'affaire Sarkozy-Bettencourt, la démission puis les aveux de Jérôme Cahuzac ne pouvait pas mieux tomber. Quel meilleur contrefeu pouvait espérer le premier parti de France pour détourner l'attention focalisée sur son champion? La droite ne devrait pour autant pas se réjouir. Car au-delà des tentatives, peut-être grossières, d'associer Nicolas Sarkozy à l'affaire Cahuzac (en prétendant qu'il savait pour ses compte lorsque le président à nommé le député à la tête de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale), cette nouvelle affaire discrédite l'ensemble de la classe politique, et tout particulièrement les deux grands partis de France.
L'UMP, bien que dans son rôle d'opposition, a beau jeu de s'offusquer de la sorte. Elle-même confrontée à l'affaire Sarkozy-Bettencourt, la démission puis les aveux de Jérôme Cahuzac ne pouvait pas mieux tomber. Quel meilleur contrefeu pouvait espérer le premier parti de France pour détourner l'attention focalisée sur son champion? La droite ne devrait pour autant pas se réjouir. Car au-delà des tentatives, peut-être grossières, d'associer Nicolas Sarkozy à l'affaire Cahuzac (en prétendant qu'il savait pour ses compte lorsque le président à nommé le député à la tête de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale), cette nouvelle affaire discrédite l'ensemble de la classe politique, et tout particulièrement les deux grands partis de France.
Car si les condamnations sont régulières chez les hommes politiques (Jacques Santini, Brice Hortefeux, les époux Balkany, Jean Tibéri, Alain Juppé, Julien Dray, Henri Emmanuelli, Ségolène Royal, Jean-Paul Huchon, même si certains ont fait appel depuis), le rythme de ces dernières années semble s'être accéléré et prendre une ampleur toute différente.
Très souvent en effet, ces condamnations sont les conséquences d'affaires "locales", comprenant par exemple des détournements de fonds publics ou d'attribution de marchés, parfois des affaires d'ordre privé ou liées au non respect du code du travail. Mais tout en restant dans la sphère municipale ou de la communauté d'agglomération. Les dernières affaires politico-judiciaires impliquent elles des montants extrêmement élevés, concernant des campagnes électorales nationales, des accusations de favoritisme, parfois d'agression sexuelle, certaines liées à d'importants contrats de vente d'armes et des attentats contre des ressortissants français.
Très souvent en effet, ces condamnations sont les conséquences d'affaires "locales", comprenant par exemple des détournements de fonds publics ou d'attribution de marchés, parfois des affaires d'ordre privé ou liées au non respect du code du travail. Mais tout en restant dans la sphère municipale ou de la communauté d'agglomération. Les dernières affaires politico-judiciaires impliquent elles des montants extrêmement élevés, concernant des campagnes électorales nationales, des accusations de favoritisme, parfois d'agression sexuelle, certaines liées à d'importants contrats de vente d'armes et des attentats contre des ressortissants français.
Au regard de ces dernières affaires en effet, les affaires Cahuzac, Tron ou même Woerth (celle concernant l’hippodrome de Compiègne) semblent presque être des affaires d'importance secondaire comparées à des affaires où des citoyens français ont perdu la vie dans un attentat, comme Karachi (dans lesquels sont cités régulièrement Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, entre autres). Ou encore les affaires Bettencourt (toujours Nicolas Sarkozy et Eric Woerth cette fois), Tapie (qui pourrait coûter très cher à la directrice du FMI, Christine Lagarde) et encore DSK (autant concernant le Sofitel de New-York que le Carlton de Lille). Et tout cela sans même parler du possible financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 avec de l'argent libyen, qui pourrait s'avérer là encore dévastateur pour la vie politique française.
Enfermés dans leurs discours, dans leurs jeux de rôle qui les poussent à des cris d'orfraie lorsque leurs adversaires sont pris dans une nouvelle affaire, les hommes et femmes politiques se rendent-ils compte du mal qu'ils sont en train de faire au système démocratique français? En ce sens, les multiples déclarations d'Henri Guaino contre les juges pourraient presque prêter à sourire: les juges sont-ils ceux qui salissent l'image de la France ou cette image n'est-elle pas plutôt salie par le comportement de ses dirigeants? Cette argumentation, des juges salissant le pays, est sans cesse utilisée par Silvio Berlusconi au gré des ses mises en examen ou de ses condamnations.
Mais bien plus que l'image de la France à l'international, c'est celle de la classe politique auprès des électeurs qui est en train d'en prendre un sacré coup. Dans un contexte économique toujours plus difficile et face à des décisions politiques qui tardent à porter leurs fruits (le feront-elles un jour?), l'exemplarité de la classe politique est bien la moindre des choses que les électeurs seraient en droit d'attendre, et par ricochet un sujet sur lequel ils risquent d'être les plus intransigeants. A tout juste un an des élections municipales et européennes, le PS et l'UMP peuvent commencer à se faire quelques cheveux blancs.
Car pendant ce temps, le FN joue sur du velours, Marine Le Pen n'a d'ailleurs pas tardé à demander la démission du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée Nationale afin de convoquer de nouvelles élections. Elections dont elle espère bien tirer les marrons du feu. Et l'on comprend son optimisme. Avec déjà deux députés, le Front National semble ne pouvoir que se renforcer. Son éternel argument, renvoyant dos à dos les deux grands partis dans un informe UMPS, est en train de prendre de plus en plus de consistance à ses yeux, la politique menée par François Hollande ne se différenciant que très peu de celle de son prédécesseur sur le fond. Mais plus encore, la multiplication des affaires jusqu'au plus haut sommet de l'Etat, à gauche comme à droite, renforce l'autre argument majeur du FN, le "tous pourris" si connu.
Lors d'élections législatives partielles dans l'Oise le mois dernier, les partis d'alternance ont reçu un puissant coup de semonce. Dans une circonscription où l'on s'attendait au classique duel UMP-PS, c'est finalement une opposition entre UMP et FN qui s'est présentée au second tour. Pire, alors que tous, avant même le premier tour, pronostiquaient une victoire confortable du député UMP sortant, ce dernier ne l'a finalement emporté que de 768 voix contre la candidate d'extrême droite. Un score que cette dernière aurait obtenu entre autres, selon certaines estimations, grâce à un report de près de la moitié des voix socialistes du premier tour en sa faveur. Si les directions des deux grands partis se sont renvoyés la responsabilité du résultat et qu'il est difficile d'extrapoler un résultat issu d'un contexte local forcément particulier, il n'en reste pas moins vrai que la porosité entre les électorats est plus forte que jamais et que le ras-le-bol général conduit de plus en plus de personnes à voter en faveur des extrêmes. Et on peut parier que cela ne risque pas d'aller en s'améliorant.
Lors d'élections législatives partielles dans l'Oise le mois dernier, les partis d'alternance ont reçu un puissant coup de semonce. Dans une circonscription où l'on s'attendait au classique duel UMP-PS, c'est finalement une opposition entre UMP et FN qui s'est présentée au second tour. Pire, alors que tous, avant même le premier tour, pronostiquaient une victoire confortable du député UMP sortant, ce dernier ne l'a finalement emporté que de 768 voix contre la candidate d'extrême droite. Un score que cette dernière aurait obtenu entre autres, selon certaines estimations, grâce à un report de près de la moitié des voix socialistes du premier tour en sa faveur. Si les directions des deux grands partis se sont renvoyés la responsabilité du résultat et qu'il est difficile d'extrapoler un résultat issu d'un contexte local forcément particulier, il n'en reste pas moins vrai que la porosité entre les électorats est plus forte que jamais et que le ras-le-bol général conduit de plus en plus de personnes à voter en faveur des extrêmes. Et on peut parier que cela ne risque pas d'aller en s'améliorant.
Jusqu'à voir plusieurs municipalités passer entre les mains du FN en 2014? C'est envisageable. Car, d'un côté, le PS est parti du principe, dès 2012, que les élections de 2014 seraient sacrifiées (ces fameuses "deux années difficiles pour remettre le pays en marche" que ne cesse de mentionner François Hollande) mais, de l'autre, l'UMP ne s'attend pas nécessairement à faire une razzia, semble-t-on dire en interne. Au point de considérer le fait de faire basculer quelques grandes villes comme une victoire. Dans ces conditions qui d'autre que l'extrême droite risque de progresser? EELV ne semble toujours pas avoir les reins suffisamment solides pour se lancer seul. Quant au Front de Gauche, une bonne part de sa popularité repose sur l'aura de Jean-Luc Mélenchon. Saura-t-il l'insuffler aux équipes locales? Ce n'est pas certain.
En 2007, Nicolas Sarkozy annonçait une République exemplaire. Durant son quinquennat, les ministres George Tron, Eric Woerth, Brice Hortefeux ou encore Claude Guéant ont été mis en cause ou condamnés dans différentes affaires, liste sûrement non exhaustive. Durant la même période les affaires Karachi, Bettencourt, Tapie, des sondages de l'Elysée ou des fadettes du Monde ont mis en cause d'autres anciens membres du gouvernement comme Christine Lagarde mais surtout jusqu'à l'ancien président lui-même.
François Hollande avait lui aussi souhaité une République exemplaire en 2012. Moins d'un an plus tard, il se retrouve donc confronté à l'affaire Cahuzac, entraînant une nouvelle annonce sur la moralisation de la vie politique française, avec un projet de loi qui devrait être présenté très rapidement. Celui-ci serait en partie basé sur un rapport sur le sujet, rendu début 2011 mais que l'ancienne majorité n'a jamais utilisé. Il est trop tôt pour en conclure quoi que ce soit. La manière dont majorité et opposition traiteront ce projet de loi influera énormément sur la perception à venir par les électeurs de leur élite politique.
Lors des élections présidentielles de 2012, un certain nombre d'observateurs soulignaient le fait que, quel que soit le vainqueur, il aurait l'immense tâche de répondre au mieux aux attentes des Français et de tenter de redonner de la crédibilité à la parole politique. Les années Sarkozy avaient en ce sens créé énormément de dégâts, tout particulièrement du fait de ses discours parfois extrêmement stigmatisants et clivants. La responsabilité du président à venir serait nécessairement immense: rassurer et s'entourer de personnes exemplaires. Si le nouveau président décevait, il y avait un risque majeur de voir Marine Le Pen éventuellement remporter les élections en 2017.
En somme, une dernière chance pour les partis dits républicains de prouver qu'ils sont encore en phase avec leur électorat. Moins d'un an depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir est une période bien trop courte pour tirer un bilan. Mais force est de constater que le chemin pris pour l'instant n'est guère rassurant. François Hollande a encore quatre années pour montrer qu'il a parfaitement saisi l'immense défi qui est le sien.