Comment choisir un Gouvernement

Publié le par Erwann

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                La Coupe du Monde de Rugby à peine terminée, sur un échec, Bernard Laporte a pu prendre ses nouvelles fonctions de secrétaire d’Etat. A cet effet un nouveau concept a été inventé : la réservation d’un poste gouvernemental. En effet, Bernard Laporte a, fort logiquement d’un point de vue sportif, attendu la fin de la Coupe du Monde pour quitter ses fonctions de sélectionneur. Mais nommer quelqu’un qui ne peut prendre son poste que 3mois après sa nomination est quelque chose qui n’avait encore jamais été fait par un Premier Ministre ou un Président.
                On ne peut en revanche pas reprocher une certaine constance quant au style de personnalités nommées par Nicolas Sarkozy dans son gouvernement, et ce même concernant les nommés de dernière minute. Il y a d’abord cette volonté, concernant les personnalités non UMP, de surfer sur leur notoriété. C’est dans cette idée qu’on été approchées des personnes telles que Bernard Kouchner, Martin Hirsch (ancien président de la Fondation Emmaüs), Fadela Amara (fondatrice de Ni Putes Ni Soumises), Maud Fontenoy (qui a décliné encore récemment la proposition d’un poste de Secrétaire d’Etat à la Jeunesse) ou, donc, Bernard Laporte.
                L’autre élément de constance concernant les membres de ce gouvernement se situe au niveau du casier judiciaire de ses membres. En effet, il n’y a pas qu’au niveau des soutiens du Président de la République que l’intégrité puisse être remise en cause (voir « La présomption d’innocence »).
                L’exemple vient le plus souvent d’en haut, et à ce niveau, Nicolas Sarkozy n’est pas au-dessus de tout soupçon. Le sujet n’a pas fait grand bruit, mais il semblerait bien que l’appartement qu’il possède à Neuilly-sur-Seine ne soit pas des plus clair, avec principalement des avantages qui de la part d’une entreprise de travaux qui obtiendra par la suite beaucoup des appels d’offres lancés par la Mairie de Neuilly. Une enquête sera d’ailleurs diligentée mais l’affaire a été classée après les élections présidentielles.
                Le cas de Bernard Laporte n’est pas différent. A la fin de sa carrière de joueur, celui-ci se lance, en parallèle d’une nouvelle et riche carrière d’entraîneur, dans le monde des affaires, en particulier dans des domaines aussi variés que l’immobilier, la publicité, les campings, la restauration ou encore les casinos. A travers ces diverses activités il semblerait qu’il ait entre autres tenté de limiter la concurrence, en particulier dans le secteur du jeu, tout en obtenant des licences grâce à ses liens dans la politique. Liens parmi lesquels on peut compter Nicolas Sarkozy.
                Ses activités et ses liens ont entraîné l’ouverture de diverses enquêtes le concernant de la part de l’administration fiscale mais aussi des Renseignements Généraux. Il s’agit d’interrogations concernant ses liens avec divers membres très importants du Milieu du Sud de la France. Mais également de divers délits, parmi lesquels on peut trouver des abus de biens sociaux, des détournements d’actifs, des transferts de fond suspects, des fausses factures, du travail au noir, une double comptabilité, etc. La dernière histoire en date concerne une plainte, déposée à la toute fin du mois d’octobre 2007 par l’avocat de la direction du casino de Cujan-Mestras pour tentative d’extorsion de capital.
                De même, au début de la Coupe du Monde de rugby, le sélectionneur a commandé auprès de l'équipementier de l'équipe de France une quantité importante de maillots pour les revendre dans un second temps, dédicacés, donc à un prix plus élevé, passant outre le fait que la Fédération Française de Rugby était la seule habilitée à vendre les produits dérivés liés à l'équipe de France. Bien entendu quand l'affaire est sortie l'avocat de Bernard Laporte s'est empressé de dire que les bénéfices réalisés dans l'opération devaient être reversés à une association humanitaire. Faute de preuve du contraire il a au moins le droit au bénéfice du doute.
                Toutes ces affaires n'ont pas été extrêmement relayées par la presse, c'est le moins que l'on puisse dire, puisque mis à part une dépêche de l’agence de presse Reuters, très peu de médias en ont parlé. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois puisque la nomination d’André Santini malgré sa mise en examen (cf « La présomption d’innocence ») n’a pas fait l’objet de plus de relais que ça de la part des mêmes médias.
                Bien entendu, ni plaintes, ni enquêtes ni même mise en examen ne sont des mises en accusation, bien au contraire, ce ne sont que les étapes nécessaires avant un éventuel procès, la présomption d’innocence s’applique à tout le monde, c’est certain. Mais tout membre du gouvernement devrait être au-dessus de tout soupçon, et actuellement ce n’est manifestement pas le cas.

Publié dans Politique

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